Et Stipe créa Milène…

Publié le par Lessaim

 

 


Stipe est mort, vive Stipe…
Nous voici réunis en ce sinistre jour de Pâques pour célébrer le départ involontaire d’un orfèvre des mots, dévoré par une raie manta dans l’Aqualand de Villiers le Morhier (Eure et Loir).
Dire qu’il va nous- me- manquer est un euphémisme voire un propos d’une banalité affligeante mais c’est ainsi.
Les Francs Blogueurs et L’Essaim d’Esprits sont tout sauf des pleurnichards sentimentaux et ils m’excuseront à l’avance et avec bienveillance « de par mon grand talent » de toucher du doigt, d’effleurer un sentiment profond que j’ai eu pour le faiseur de mots, le Roumain au grand cœur, le Stipe bourru quelquefois.
En ce qui me concerne, tout a commencé par un beau jour de Juin 2009 où par hasard, en pianotant sur mon clavier sans savoir ce que je cherchais si ce n’est des blogs, je suis tombée sur l’article du regretté sus nommé Stipe : «  LA GAUFRE »
Vous dire dans quel état cela m’a mise serait à ce point indécent que je m’en garderai mais à titre de comparaison cela m’a mis en transe comme lorsque j’ai lu pour la première fois Stupeur et tremblements et Métaphysique des tubes d’Amélie la barjot.
J’ai eu envie de :
-   Vivre
-   Me suicider
-   Manger des glands sous le vieux chêne
-   Pleurer de joie
-   Vomir mon rhum
-   Me raser le crâne
-   Nager au milieu des requins
*Rayer la mention inutile
J’ai embrassé mon ordinateur en me disant : «  Je ne suis pas seule, non je ne suis pas seule dans ce monde absurde ! ».
Rien que d’imaginer cet homme en train d’écrire, rien que le fait qu’il existe me procura une raison de plus de continuer à écrire mes délires qui n’intéressaient pas grand monde voire personne puis de rallier une communauté de déjantés joyeux, pessimistes, gourmands, suicidaires mais talentueux.
Nous entamâmes (remarquez le langage, on oublie pas la Comtesse de Ségur comme ça, les amis) une correspondance enfiévrée, bien que réduite, étant donné que Stipe étant un individu de sexe masculin et moi-même aussi sauf que déguisé en superbe blonde sculpturale, cela paraissait être pour ma moitié juste une drague médiocre, le genre de trucs qu’on voit sur les sites de rencontres…
Bref pour faire court, les liens passionnés du début se distendirent un peu. Bien sûr j’en souffris car toute marque d’affection provoquait chez Stipe une éruption cutanée et une mauvaise humeur récalcitrante, cependant même si les rapports étaient plus décousus, entre temps nous avions fait un enfant…
Il était monstrueusement grotesque et presque inintéressant mais que voulez vous, c’était notre enfant et nous l’aimions.
C’est Stipe qui choisit le nom de l’enfant : Les amuses gueulent. Un hybride de la sphère overblog, un avorton limite trisomique mais fait avec la plus grande admiration mutuelle de ses parents.
Bref, je m’égare et je sais qu’il n’aurait pas aimé ce genre d’hommage culcul la praline mais de toute façon à l’heure actuelle il parle en tête à tête avec les vers donc je fais rien qu’à ce que je veux. C’est étrange un roumain à l’esprit britannique. «  Never explain never complain ». C’est à peine si j’osais mettre un commentaire plaisant sur son blog, cela aurait inévitablement été mal perçu…
Je me sens orpheline d’écriture. Même la pire merde qu’il écrivait, je l’aimais, je n’étais absolument pas objective par rapport à ses écrits car quand un cerveau somme toute fait de graisse et de sang vous expulse bruyamment « LA GAUFRE » excusez-moi mais vous considérez ce texte comme le Saint Graal, comme le big bang intersidéral, comme le Saint-Nectaire fait à point introuvable de nos jours, comme le Nirvana littéraire…
Bref, il est là, dans ce cercueil en diamants ( oui il avait fait fortune dernièrement en écrivant des romans sentimentaux à six sous), sa chair morte et putréfiée, ses beaux yeux fermés à jamais par un médecin peu scrupuleux, son corps ne vibre plus devant toutes ces femmes qui le désiraient et son esprit s’est tu…
Mais pour moi, il est là partout, dans mon cœur et dans mon pot de Nutella, dans mes larmes et mon eau de vaisselle, dans le ciel immense et dans le jambon à l’os de mon charcutier, dans ma cellulite et dans les magnifiques textes que j’écris.
Certes il ne faut pas non plus en faire un ange, il n’aurait pas aimé. Certes, c’était un putain de salopard qui ne m’a pas souhaité mon anniversaire, certes il pensait à tort qu’il avait plus de talent que moi, certes il n’aimait pas mes chroniques à Nous Deux, certes il n’y avait pas plus snob et bobo que lui, certes il aimait un peu trop les petits enfants à la fin de sa vie, certes il a tué ses parents pour hériter d’une bicoque dans la Creuse, certes il ne savait pas danser le fox trot, certes il ne m’a jamais pris dans ses bras, certes il n’aimait pas les chats, certes il pensait qu’il était intelligent, certes il croyait bien cuisiner, tout ça et inversement et ben malgré tout ça et bien, je vous le dis franchement et bien…




Milène

 

 

Publié dans Défis

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H
<br /> Je vois bien le genre: "Tu sais Milène, bon... Elle chronique chez Nous Deux mais... ben 'tain, elle est bonne quand même". Soit: elle écrit vachement bien ET... elle est bonne... (Cuisinière, on<br /> l'aura compris maintenant =D)<br /> Une grande époque que les lotos du Stipe (Henriette se demande encore devant sa tombe "à qui l'tour?!"). Rapport au miel, un ingrédient sympa pour faire recette, la preuve: joli défi !!! ;]<br /> <br /> <br />
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H
<br /> putin, encore une.... ! bordel, cet enfoiré les avaient toutes eues apparement... Milene, remet ta culotte, j'va te consoler de la perte de cet emmerdeur de premiere....<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Je savais bien qu'il me trompait, le salopard !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Hou la ! Malheureuse ! Ne jamais dire "manger des glands sous le vieux chêne" en présence de Stipe ! Même mort, il a le saint-esprit mal tourné.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> On en pleurerait presque!<br /> <br /> <br />
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